Félix Auger-Aliassime est bien plus que le double vainqueur en titre de l’Open Sopra Steria. Il est le symbole d’un tournoi dont l’ambition est de révéler ces joueurs qui, demain, viseront le Top 10 mondial.

« Le Top 10, c’est mon objectif pour l’an prochain. Ce sera un défi, je dois continuer à travailler fort et améliorer mon jeu. » Félix Auger-Aliassime a bien grandi. Ce qui, pour lui, n’était hier qu’un rêve est devenu, aujourd’hui, un véritable objectif. Oui, le Canadien vise le Top 10 à moyen terme ; oui, il peut l’affirmer sans que cela ne semble chimérique, comme il le faisait il y a quelques semaines sur le plateau d’une émission québécoise, Tout le monde en parle.

Félix, c’est une histoire québéco-lyonnaise…

Qu’il paraît déjà loin le temps où le public lyonnais découvrait le mètre 93 de ce garçon mariant le sérieux au consciencieux, le tout saupoudré d’un peu de timidité et d’une jolie disponibilité… C’était en 2017, l’Open Sopra Steria soufflait sa deuxième bougie quand Félix, lui, n’en avait pas mouché 17. 336ème mondial, il s’était vu offrir une wildcard pour disputer l’Open Sopra Steria et avait débarqué dans la capitale des Gaules une semaine avant le début du tournoi pour s’entraîner dans les meilleures conditions. Lionel Roux y tenait : « Félix a quelque chose en plus… Je pense vraiment que c’est un futur très grand. Malgré sa jeunesse, il a déjà énormément de maturité. »

La suite, on la connaît. Un parcours plein de caractère, des victoires en trois sets, une fin de tournoi parfaitement maîtrisée… et le premier trophée d’importance de sa jeune carrière, soulevé sur la terre battue du Tennis Club de Lyon. Ce 18 juin 2017, Auger-Aliassime devient le septième plus jeune joueur de l’ère Open à remporter un ATP Challenger, juste derrière Rafael Nadal, juste devant Novak Djokovic.

Félix Auger-Aliassime à l'Open Sopra Steria de Lyon

Félix Auger-Aliassime sera 31ème joueur mondial lundi.

En belle position parmi les plus précoces

Sa progression, sans être linéaire, montre une forme de constance ; en 2018, il revient à l’Open Sopra Steria dans la peau, si ce n’est du favori, au moins de l’outsider principal. Il est alors 170ème mondial et réussit un parcours quasi-sans faute, ne lâchant qu’un unique set en route vers le doublé, en finale, face à Johan Tatlot. Ce deuxième titre à l’Open Sopra Steria, son troisième en ATP Challenger, lui permet cette fois d’égaler Juan Martin Del Potro et Novak Djokovic, seuls derrière Richard Gasquet à cumuler autant de trophées au même âge.

Mais, cela, c’était hier… Aujourd’hui, Félix semble plus que jamais devenir le joueur qu’on imaginait. Ses 18 printemps viennent de chatouiller le Top 30, de jouer leur première finale dans un ATP 500, d’atteindre les demi-finales du Masters 1000 de Miami… et de battre le 10ème meilleur joueur du monde, Stefanos Tsitsipas. Mieux, le Québécois a dominé les cinq premiers Top 20 qu’il a rencontrés – et c’est un exploit assez unique que ni Federer, ni Nadal, ni Djokovic n’avaient réussi à réaliser dans leurs primes années.

Les louanges de Nadal et Federer

De quoi s’attirer les compliments de ces derniers. « J’aime son attitude », dit de lui Roger himself. « Pour quelqu’un de jeune comme lui, c’est très impressionnant. On a déjà vu ça par le passé avec Hewitt ou Nadal, des joueurs qui étaient déjà méga-forts mentalement. On peut mettre Félix dans cette catégorie. » Et ce n’est pas pour rien que Rafa a immédiatement cité « Auger-Aliassime » de son plus bel accent ibère lorsqu’on lui a dernièrement demandé quel joueur il fallait suivre en cette saison sur terre…

Mais, sur terre, ce sont surtout ses pieds que Félix garde le plus possible. « Je me projette sur le long terme », confie-t-il à l’envie. « Mon but, c’est de profiter de chaque match, car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer après. » En revanche, on sait ce qu’il s’est passé avant : c’est à l’Open Sopra Steria que ce garçon se sera révélé aux yeux du grand public.

Rémi Capber