Il était une fois une grande âme de tennisman et une figure du Tennis Club de Lyon, où se déroulera comme chaque année, en juin prochain, l’Open Sopra Steria. Vous avez déjà deviné ?

[Source : “LE JOURNAL”, Gallica, 18/08/1928, p.1,4.]
[Source : The New York Times, 03/04/1987.]

Il était une fois un tennis d’une autre époque. On joue en chemise rentrée dans un pantalon large pour les hommes, en robe longue pour les femmes. Les raquettes sont en bois, et le cadre de petite dimension s’apparente davantage à celui d’une raquette de badminton que de tennis.

Il était une fois un jeune homme né avec le siècle. Originaire de Villeurbanne, c’est avec sa grande sœur qu’il fait ses premières armes sur un court, au Tennis Club de Lyon. Encore haut comme trois pommes, il enchaîne les défaites contre son aînée sans broncher, ne lâchant qu’une remarque  obstinée : « Je t’aurai bien, un jour ! » Ses débuts sur le court prennent fin quand la guerre éclate. En 1914, le club perd de sa fréquentation et s’improvise point de concentration pour camions militaires. Fin 1919, sa réouverture est officiellement annoncée. « Je ne décrirai pas l’état des courts lorsqu’ils furent rendus à leur première destination », explique-t-il. L’attente a été suffisamment longue. Sa sœur et lui enfilent leurs chaussures de sport et dénichent deux vieilles raquettes au fond d’un placard. La reprise est laborieuse, le niveau a baissé, mais cela les laisse indifférent ; c’est une grande joie que de retrouver le court sur lequel ils ont grandi.

1921 : championnat du Lyonnais au Tennis Club de Lyon

Il était une fois un virtuose de la raquette en devenir. Sa première victoire en finale de compétition, il l’arrache au président du club. A ses 19 ans, il devient champion du Lyonnais et gagne son premier tournoi là où, plus jeune, il venait s’exercer tous les jeudis après-midi entre deux verres de limonade : au Tennis Club de Lyon. Un tournoi mémorable, l’un de ses « meilleurs souvenirs de victoire ».

À ce moment-là, il ne me semblait pas qu’il pût exister, « in the world », un joueur plus fort que moi. »

À juste titre.

Il était une fois un magicien. Lorsqu’en 1921, il quitte ses terres natales et s’attaque au tournoi de Paris, on se moque du jeune lyonnais venu s’affirmer dans la cour des grands. Mais, de tous les initiés parisiens, aucun ne parvient à le battre. Les années qui suivent, l’enfant de Villeurbanne ne fait pas plus de cadeaux. Vêtu de son uniforme blanc immaculé, les cheveux plaqués en arrière, le regard impénétrable, le magicien au visage conquérant devient le joueur le plus redouté du circuit. Premier mondial à l’issue de son titre à Roland-Garros, il est le Français le plus titré en Grand Chelem. Acclamé comme l’un des « Quatre Mousquetaires », il fait partie de l’équipe de France victorieuse de six Coupe Davis remportées consécutivement.

Il était une fois un joueur qui marqua l’histoire du tennis français. Une graine de champion du Tennis Club de Lyon.

Il était une fois Henri Cochet.

 

Loïc Billet