Marco Trungelliti est le vainqueur de l’Open Sopra Steria 2025. En trois sets, il a disposé du jeune Daniel Mérida, 6-3 4-6 6-3 pour s’offrir son quatrième titre sur le circuit ATP Challenger. L’Argentin était évidemment tout sourire pour nous livrer ses impressions après son sacre au Tennis Club de Lyon.

Quelles sont tes sensations générales après ce titre ?
Je suis plutôt content de la manière dont j’ai joué et surtout de l’approche mentale que j’ai eue pendant le match. J’étais tout près de gagner le deuxième set, j’ai eu une balle de break à 4-2 pour servir à 5-2 et, tout à coup, il a commencé à très bien jouer. À ce moment-là, je me suis senti dépassé. J’ai peut-être fait une ou deux erreurs en servant à 5-4, mais ce n’était pas des fautes majeures pour justifier une telle perte de rythme. Ensuite, dans le troisième set, il a démarré un peu moins bien, comme à la fin du set précédent, et cela m’a donné un peu d’air. Je suis resté calme, et j’avais le sentiment qu’à un moment donné, soit je jouerais mieux sur les balles de match, soit il finirait par rater, ce qui est finalement arrivé.
As-tu senti que c’était ton jour ?
Oui, je pense que je le sentais. Je savais que je devais absolument gagner. C’était une pression supplémentaire, mais c’est une pression que j’aime avoir. Ce n’était pas une situation que je voulais fuir. Il y avait beaucoup d’enjeux : je dois défendre pas mal de points en juillet, donc si je ne gagnais pas ici, je risquais de me retrouver juste à la limite pour me faire les les qualifs de l’US Open. Et c’est justement mon objectif depuis le premier jour ici à Lyon : gagner pour me rapprocher des qualifications de l’US Open. C’était très clair dans ma tête. Avant une finale, l’objectif peut paraître encore loin, mais une fois qu’on y est, c’est autre chose. Et avec autant de balles de match manquées, je me disais que si je perdais, j’allais vraiment m’en vouloir. Mais je suis resté calme, et voilà.
« Avec autant de balles de match manquées, je me disais que si je perdais, j’allais vraiment m’en vouloir »
Tu es bien mieux entré dans le match que Daniel. L’expérience a-t-elle fait la différence ?
Je ne sais pas. Peut-être qu’il était un peu plus nerveux au début. J’ai eu cette impression. Il frappait très fort, comme il l’a fait toute la semaine, ce qui lui a permis d’arriver jusqu’en finale. Mais il faisait aussi plus d’erreurs qu’en début de tournoi, probablement à cause de la pression d’une finale. Je pense que cette nervosité a duré jusqu’à 4-2 dans le deuxième set. À ce moment-là, il s’est dit qu’il n’avait plus rien à perdre. Là, il s’est mis à frapper très fort des deux côtés et il m’a vraiment dominé.
Le deuxième set a été très ouvert, avec beaucoup de balles de break. Peux-tu nous raconter ce set ?
Oui, un peu comme le premier set au départ. J’ai pris l’avantage jusqu’à 4-2, où j’ai eu une balle de break. Il m’a mis un ace. J’aurais pu servir en menant 5-2. À ce moment-là, la dynamique du match aurait pu changer. Jusqu’à ce point, je me sentais clairement au-dessus. Mais ensuite, tout a basculé. Il a enchaîné les coups gagnants, moi quelques erreurs, et je me suis senti complètement dépassé. Il gagnait des points de partout, du revers, du coup droit, au service. C’était beaucoup. Mais ce qui compte, c’est d’avoir bien entamé le troisième set, d’avoir repris le contrôle, sans faire de folies. J’ai gardé de l’ordre dans mon jeu. Et ça a payé à la fin.
« Jusqu’à 4-2 dans le deuxième set, je me sentais clairement au-dessus mais ensuite, tout a basculé »
Te sentais-tu supérieur dans le troisième set ?
Non, pas vraiment. La dynamique avait changé, et je savais qu’il pouvait recommencer à très bien jouer, comme dans le deuxième set. Et c’est ce qui s’est passé. Sur les balles de match, je n’ai pas fait tant d’erreurs que ça. C’étaient surtout de très bons coups de sa part.
Quel était ton plan de jeu face à lui ?
Le but, c’était de lui enlever du temps. Ne pas reculer trop loin, parce que c’est un joueur qui frappe très fort, et quand il a du temps, il devient très dangereux. Même si j’anticipe où il va frapper, la balle arrive si fort que je peux à peine la toucher. Donc l’objectif était de varier les hauteurs, jouer parfois plus haut, parfois plus vite, mais surtout de lui enlever du temps, et ça a bien fonctionné.
« Le but, c’était de lui enlever du temps. Quand il a en a, il devient très dangereux »
Tu as converti ta douzième balle de match. Mérida a beaucoup élevé son niveau. Comment as-tu vécu ces moments ?
Oui, peut-être que j’ai commis une ou deux erreurs sur les balles de match, une double faute et un revers long, je crois. Mais, sinon, c’était beaucoup de coups gagnants de sa part. Même si mes premiers services n’étaient pas excellents, chaque fois qu’il touchait la balle, c’était pour frapper fort, dans les lignes. Je pense que j’ai manqué un peu de chance sur certaines balles de match, mais j’ai réussi à garder mon calme. Et je me disais que tôt ou tard, il allait faire une erreur ou moi, hausser mon niveau. C’est ce qui s’est passé.
On te voit souvent avec le sourire sur le court. Est-ce ta façon de rester dans le match et de gérer la pression ?
La pression, elle est toujours là. Je ne crois pas qu’on puisse vraiment l’enlever. Elle finit toujours par apparaître. Je préfère accepter la réalité : c’est une finale, c’est important. Si je gagne, je me rapproche de l’US Open. Si je perds, non. En gardant ça en tête, pour moi, c’est plus simple que de prétendre qu’il n’y a pas de pression. Il y en a toujours.
« J’avais besoin d’un bon résultat pour retrouver de la joie »
Est-ce que ce titre peut te donner un élan pour le reste de la saison ?
Oui, clairement. J’avais besoin d’un bon résultat pour retrouver de la joie, pour me relâcher un peu. Même si je pense que mon niveau de tennis n’est pas encore très élevé, mentalement je suis bien. Et c’est ce qui compte le plus. Dans le tennis, c’est souvent la tête qui fait la différence : on peut gagner en jouant mal si on est fort mentalement, ou perdre en jouant bien si ce n’est pas le cas. Et sur le long terme, ce qui compte, c’est la constance, pas une semaine bonne suivie d’une semaine catastrophique. J’espère que ça va m’aider à progresser.
Comment as-tu trouvé l’ambiance pendant la finale ?
Superbe. Vraiment, j’ai adoré. C’était plein, le public était très impliqué. Je pense qu’ils ont eu une finale pleine d’émotions. Le niveau était correct, pas exceptionnel, mais pas mauvais non plus. Et avec toutes ces balles de match, ça a ajouté du suspense, du spectacle.
« Je pense que le public a eu une finale pleine d’émotions »
Peux-tu nous expliquer ce qu’il s’est passé avec le trophée cassé (rires) ?
Je l’ai fait tomber… et il s’est cassé (rires). Voilà. Il était tout neuf, je l’ai eu une minute et paf, par terre. Fini.
Penses-tu revenir jouer ici l’an prochain ?
Oui. C’est la première fois que j’ai un bon résultat en ATP Challenger en France. C’était une sorte de devoir que j’avais envers moi-même, parce que j’aime les conditions en France. Les tournois sont bien organisés, les courts sont bons. J’ai souvent bien joué à Roland-Garros, mais en ATP Challenger, je n’avais jamais passé les quarts ou les demies. Maintenant, j’aime encore plus la France.
« C’est la première fois que j’ai un bon résultat en ATP Challenger en France »
Tu as tenu à dire un mot en français pour remercier le public sur le court…
Oui, je voulais parler en français. Je parle un peu, mais je n’ai pas beaucoup de vocabulaire. Je sais que les Français préfèrent qu’on parle en français plutôt qu’en anglais. C’était une façon pour moi de remercier le public et l’organisation, au moins dire quelques mots en français.
Eliott Caillot