Corentin Moutet s’est confié pour la première fois de la semaine, à l’issue de sa victoire à l’Open Sopra Steria. Le jeune Français, qui avait fait en sorte de rester dans sa bulle tout au long du tournoi, est forcément satisfait. Mais ce titre n’est pas une finalité… Interview.
C’est une belle satisfaction, j’imagine, de remporter le titre après une semaine pas facile à gérer…
C’est hyper satisfaisant ! J’avais un super bon joueur en face, contre qui j’avais perdu il y a deux ans ici (NDLR : au 1er tour de l’Open Sopra Steria 2017 il s’était incliné 7-5 6-3). Je m’attendais à un gros combat, je savais que j’avais un gros match à faire. J’ai fait le maximum toute la semaine, ça a été compliqué à certains moment, c’est sûr… Le niveau est assez dense, il y a de très bons joueurs, mais j’ai réussi à relever le challenge. Maintenant, il va falloir retourner au travail dès demain, et continuer, continuer à bosser…
Il a fallu t’adapter aux conditions météos, à la pluie, patienter parfois des heures au Player’s Lounge. Comment as-tu gérer cette attente ?
L’adaptation, c’est notre quotidien. Cela fait partie des choses auxquelles on peut être confronté en tournoi. La météo, on ne la contrôle pas ! Mais c’est déjà super d’avoir pu accéder à des courts couverts, on a pu aller jouer assez rapidement, surtout la demi-finale hier. Je pense que c’est beaucoup plus galère pour l’organisation, au niveau des transports, des terrains… Nous, on a fait notre match. Franchement, je n’ai pas à me plaindre, le tournoi est super, l’organisation est bien. Il y a de petits aléas, mais cela reste des choses insignifiantes !
“Il n’y a pas 36 manières de progresser. Cela passe par le travail, par la constance de ce travail…”
Et le vent, aujourd’hui…
Cela fait partie du jeu ! Les conditions météos, le vent, qu’il fasse chaud ou pas, la pluie… Il faut savoir jouer avec, en avoir conscience, s’adapter à la façon dont ça souffle, dans quel sens… J’ai fait le maximum. Parfois, ce n’était pas facile, c’est sûr. Il y a eu des fautes assez rapides, mais c’était pareil pour les deux joueurs, et j’ai réussi à être un peu meilleur aujourd’hui.
Tu vas être dans le Top 100, dès lundi… C’est un petit aboutissement ou une simple étape ?
Il n’y a pas 36 manières de progresser. Cela passe par le travail, par la constance de ce travail, un travail quotidien et pas seulement de temps en temps. J’ai des obligations, entre guillemets, si je veux progresser ; je les respecte et je m’entraîne, sinon je vais stagner et ce n’est pas mon envie. C’est pour ça que je repars travailler demain, pour continuer sur cette lancée et progresser un peu plus tous les jours !
“On perd, on gagne, mais ce n’est pas ça le plus important”
Cela fait six mois que tu es accompagné avec Emmanuel Planque, qui est ce qu’on appelle “un coach à poigne”. C’est aussi pour t’aider à progresser dans l’attitude, la gestion de la frustration…
C’est un tout, on ne travaille pas que cet aspect-là, c’est un travail global. Il m’apporte plein de choses positives, mais surtout beaucoup d’envie et d’ambitions – et c’est ce que je recherche. Je suis ambitieux, on a un projet qu’on partage, on tire dans le même sens, on partage les mêmes objectifs et c’est pour ça qu’on s’entend bien et qu’on continue à travailler ensemble.
Quels sont tes objectifs pour la fin de saison ?
En termes de classement, je ne vise pas grand chose, c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas trop. Gagner des matchs, perdre des matchs… Comme disait mon adversaire aujourd’hui : on perd, on gagne, mais ce n’est pas ça le plus important, c’est d’avoir le travail constant en cas de défaite, en cas de victoire. Ne pas s’emballer, ne pas s’enflammer quand on gagne ; et, quand on perd, se remotiver pour continuer à travailler. C’est cette constance et cette neutralité face à la défaite et la victoire qu’il faut garder. Je vais essayer de ne pas me laisser influencer par mes résultats et plutôt me concentrer sur ce que je fournis tous les jours… Et on verra bien où cela va m’amener en fin d’année !
“Je n’ai pas toujours été irréprochable, mais j’essaie d’apprendre de ce que j’ai mal fait dans le passé”
Il y a deux ans, tu sortais du court après avoir perdu face à ce même Elias… Qu’est-ce qui a changé entre le Corentin d’alors et celui d’aujourd’hui ?
Ce qui a évolué, c’est que j’ai deux ans de plus, j’ai mûri, j’ai appris de certaines choses. On fait tous des erreurs ; le principal, c’est d’en apprendre quelque chose. Je n’ai pas toujours été irréprochable, mais j’essaie d’apprendre de ce que j’ai mal fait dans le passé pour en sortir quelque chose de positif pour le futur. M’améliorer tous les jours sur le terrain, comme en-dehors ! C’est ça, j’ai mûri, je suis plus âgé, je vais continuer à grandir, à apprendre de ce que je fais de moins bien. Il faut en avoir conscience. Peu importe les circonstances, il faut apprendre à être assez honnête avec soi-même.
Notre double vainqueur, Félix Auger-Aliassime, disait qu’il ne voulait pas se fixer de limites, que c’était le pire qui puisse lui arriver… C’est quelque chose qui te parle aussi, toi qui est en pleine progression ?
Ne pas se limiter. Croire en soi et aller chercher au fond de soi ce qu’on a vraiment. Félix le fait très bien, il a encore plein d’années devant lui, comme moi aussi. Il l’a prouvé par ses résultats et son niveau de jeu. C’est une personne inspirante ! Moi, je vais faire mon bout de chemin, il fera le sien… On verra !
Quel est ton programme pour la suite ?
Je vais faire un Challenger à Bratislava, sur terre, avant d’aller jouer les qualifications de Wimbledon.
Rémi Capber