La terre battue du Tennis Club de Lyon s’en souvient peut-être encore : en 2021, le jeune Holger Rune, déjà promis à de grands exploits, se hissait en quart de finale de l’Open Sopra Steria. Quatre ans plus tard, c’est un autre jeune Danois, Elmer Møller, 21 ans, qui marche dans ses traces.
Elmer Møller et Holger Rune sont tous deux Danois certes, mais ils partagent un peu plus qu’un passeport similaire… Ils sont de la même génération : 2003.. Et, forcément, quand on a deux pépites du même âge, on les compare. “Physiquement, [Møller] a rapidement pris du retard”, se rappelle Peter Bastuansens, consultant pour la chaîne danoise TV 2. “Aux côtés d’Holger, il ressemblait à un écolier de plusieurs années son cadet. Il manquait aussi d’une certaine maturité mentale, qui est venue avec le temps.”
Là où Holger s’est illustré par sa précocité, Elmer, lui, a pris son temps. Passé par la Good to Great Tennis Academy de Magnus Norman et Mikaël Tillström, en Suède, il revient au Danemark à ses 18 ans. Sa famille est importante pour lui, il préfère l’avoir à proximité. “Ça m’aide de me sentir entouré, je trouve que je joue mieux. Et dans les moments difficiles, j’en ai besoin pour rester optimiste.” Aujourd’hui, il s’entraîne toujours dans son pays natal, au KB (Kjøbenhavns Boldklub) de Copenhague.
Un revers “de pure classe mondiale”
Chacun son rythme donc… oui mais voilà, en septembre 2024, tout s’accélère. Le Danemark se rend à Astana, à l’occasion de la Coupe Davis, pour défier le Kazakhstan. Privés d’Holger Rune, forfait, les Danois doivent composer avec une équipe remodelée, et c’est Elmer Møller, 21 ans, qui fait figure de numéro 1. Opposé à Alexander Bublik, 27e à l’ATP, Møller, qui affronte pour la première fois un joueur de l’élite, ne se démonte pas. Mieux : alors seulement 247e mondial, il s’impose, à la surprise générale, en trois sets, 1-6 6-2 6-2.
On découvre alors son jeu. “Si vous consultez un manuel de tennis, vous n’y trouverez pas le style d’Elmer”, explique Peter Bastuansens. Un jeu atypique donc, que Møller construit notamment autour d’un magnifique revers, juste et très puissant, “de pure classe mondiale”.
Deux titres en Challenger sur terre battue
Fort de six nouvelles victoires face aux 100 meilleurs (en huit matchs !) et de ses deux premiers titres en Challenger (à Braga en 2024 et à Oeiras en 2025), Elmer Møller tambourine aujourd’hui à la porte du top 100. 112e en ce début de semaine, ce grand amateur de terre battue, où il a remporté près des trois quarts de ses victoires en professionnel, tentera de marcher un peu dans les pas d’Holger Rune. À son rythme. Comme toujours.
Benjamin Vermersch