Jules Marie, 31 ans, est un tennisman au parcours pour le moins original. Après avoir mis un terme à sa carrière en 2015, il a décidé de revenir sur le circuit professionnel il y a deux ans. Avec les qualifications de Roland-Garros 2024 en ligne de mire, il vient à l’Open Sopra Steria à la recherche de points. Aujourd’hui 322e mondial, il est surtout connu pour une activité parallèle : sa chaîne YouTube ! 

Jules Marie à l'Open Sopra Steria

Tu dis que tu reviens sur le circuit ?

Tout à fait. En 2015, j’étais 228e et j’ai dit stop, parce que ça me faisait trop de frais. Je n’avais pas de chaîne YouTube (rires). J’avais fait un crédit à la banque, mes parents m’aidaient sans être riches… Et puis, j’en avais marre de dépenser de l’argent sans garantie derrière de pouvoir accéder au top 100 et de vivre du tennis. C’était aussi encore énormément de travail, de sacrifices… Je ne voyais ni mes potes, ni ma famille, j’étais toujours en tournoi. Bref, je ne croyais plus en moi. J’avais perdu des matchs en ATP Challenger. J’enchaînais les défaites aux premiers tours face à des jeunes… Bon, ils s’appelaient Zverev ou Rublev, donc je comprends mieux pourquoi (rires) !

Aujourd’hui, tu filmes ton quotidien de joueur sur le court…

C’est ça. Je propose des vlogs sur YouTube. Depuis bientôt deux ans maintenant. Et les gens adhèrent ! On est 90 000 abonnés. Je filme mon lever, mon petit-déjeuner… jusqu’au coucher. En passant bien sûr par la préparation mentale et physique, l’entraînement, l’échauffement, le match, bien sûr. Puis, la récupération, les étirements… C’est aussi l’occasion de filmer le circuit secondaire et les difficultés des joueurs qui y participent.

« Il n’y a pas que le tennis de la télé »

C’est sympa de mettre en valeur le tennis du circuit secondaire…

Oui, c’est ça… J’essaie de montrer aux gens qu’il n’y a pas que Roland-Garros et Monte-Carlo, qu’il n’y a pas que le “tennis de la télé”. Je cherche aussi à mettre en lumière d’autres joueurs. Et puis, je trouve ça chouette qu’ils arrivent à suivre quelqu’un qui n’est pas dans le Top 100. C’est une vraie niche, ce format, mais ça plaît. Sous cet angle, les gens semblent aimer le circuit secondaire.

Ce complément te permet d’en vivre ?

Je fais un million de vues par mois environ. Ça offre de la visibilité aux marques et elles sponsorisent le projet. De ma poche, ça ne me coûte rien, mon équipe, les hôtels, les déplacements aussi. Tout est payé par les sponsors et, heureusement, parce que ça coûte une blinde. Alors, bien sûr, c’est un travail en plus pour moi. Je rencontre beaucoup de joueurs qui saluent mon investissement, qui me disent qu’ils en seraient incapables. Bref, pour moi, tout va bien ! Je suis sûrement le seul mec qui a repris en étant 800 et qui s’en sort bien.

Pour finir, un petit mot sur tes objectifs ici ?

Je le disais, je ne me sens pas super à l’aise sur terre battue. J’ai gagné un match, je suis déjà content ! Entrer dans le tableau ce serait génial. Il faudrait que je joue mieux, mais pourquoi pas !