Pour Julie Nublat-Faure, adjointe aux sports à la Ville de Lyon, l’Open Sopra Steria est beaucoup plus qu’un rendez-vous tennistique : c’est un événement à taille humaine, révélateur de talents et catalyseur d’engagements. Égalité femmes-hommes, inclusion, accessibilité, sport-santé… L’un de ceux qui contribuent à faire de Lyon une ville active, solidaire et tournée vers le bien-être ! Interview.

En tant qu’adjointe aux sports, qu’est-ce que vous retenez de l’Open Sopra Steria depuis votre première venue ? Qu’est-ce qui vous marque dans cet événement ?
C’est, pour moi, un tournoi qui révèle des pépites, qui donne sa chance aux jeunes dans un cadre tellement agréable. Il possède une véritable âme, celle du club, le Tennis Club de Lyon. Ce qui est marquant dans cet événement, c’est peut-être la proximité des personnes, joueurs, visiteurs, professionnels, fans absolus de tennis. Tout le monde se retrouve autour de la passion du tennis.
Les JO de Paris ont marqué 2024. Quel impact espérez-vous durablement à Lyon pour les clubs, les jeunes, les femmes, les para-athlètes ?
Ces Jeux Olympiques et Paralympiques ont vraiment marqué un tournant dans l’histoire des Jeux. Ils ont su être paritaires et mettre les Paralympiques en pleine lumière et ils ont fait évoluer les modèles en ce qui concerne l’éco-responsabilité des grands événements sportifs. J’espère que cette dynamique pour plus de féminisation dans le sport, de développement de la pratique handisport et de la transition écologique continuent de s’inscrire durablement dans nos associations sportives et plus globalement dans notre société toute entière.
« Un cadre tellement agréable et qui possède une véritable âme, celle du Tennis Club de Lyon ! »
Vous évoquez souvent le sport comme “vecteur d’émancipation”. Pourquoi et comment ?
Le sport est un vecteur d’émancipation à bien des égards. C’est un fait social total. Il a un pouvoir d’émancipation incroyable à travers différentes facettes de ce qu’il peut produire : la connaissance de son corps, le dépassement de soi, la confiance, la coopération, l’entraide. Il permet de s’affirmer, de se battre, de se sentir bien dans son corps et dans sa tête. Toutefois le sport ne peut pas être à lui tout seul, la réponse à tous nos maux. Il est une des solutions très puissantes pour une société que l’on veut plus harmonieuse.

Le plan de rénovation des équipements sportifs est en cours. Y a-t-il un projet ou un lieu récemment transformé dont vous êtes particulièrement fière ?
C’est vrai que nos investissements concernant les rénovations et les nouvelles constructions sont très importants. 117 millions sur le mandat pour améliorer les conditions de pratique sportive pour nos usagères et usagers. C’est aussi la construction de 4 nouveaux gymnases et 2 nouvelles piscines d’ici 2028. Le tennis n’est pas oublié : nous avons un très beau projet de couverture de courts dans le 8eme arrondissement avec un clubhouse accessible et des terrains de tennis qui vont prendre place au cœur de la Cité Jardin, animés par l’association Fête Le Mur. Difficile de choisir un projet en particulier, mais je suis très fière d’avoir pu créer les premiers terrains de Beach Volley de la ville de Lyon dans le 4eme arrondissement.
« Le sport est un fait social total ! »
Lyon est une ville de tennis, mais aussi de padel, avec le Lyon Padel Platinum dont vous êtes partenaire titre, pour le plus haut niveau, ainsi que de badminton, de squash… Comment faire cohabiter cette richesse de sports de raquette sur le territoire ?
Lyon et sa région sont des terres historiques de tennis et de sports de raquette. Nos clubs sont très dynamiques et toujours prêts à développer de nouvelles pratiques comme le padel ou le pickleball par exemple. Cette richesse cohabite déjà et ne demande qu’à s’épanouir et à se compléter intelligemment. En tant qu’adjointe aux sport, je vois un véritable intérêt sportif et pédagogique à développer le padel dans un objectif de démocratisation des sports de raquette, pour toucher plus de monde, plus de jeunes. Ce tournoi de padel de premier plan est un marqueur de cette volonté politique de diversifier les pratiques pour embarquer de nouveaux publics vers des activités sportives comme le padel.
L’égalité femmes-hommes dans le sport est une priorité que vous avez rappelée à plusieurs reprises. Quels sont, selon vous, les freins les plus persistants aujourd’hui et comment les lever ?
Oui, c’est une priorité de nos politiques municipales pour l’égalité femme/homme. Lutter contre ce fléau des violences sexistes et sexuelles dans le sport, c’est l’urgence. C’est pourquoi nous avons conditionné nos subventions et nos créneaux sportifs à une formation gratuite pour nos clubs sur la lutte contre ces violences. Ces formations vont continuer. Les freins qui persistent résident aussi dans les conditions de pratique de l’activité sportive et l’encadrement des femmes. Développer les formations pour que davantage de femmes deviennent entraîneurs par exemple, que les femmes soient plus représentées dans les instances de décision de leurs associations, des comités, des ligues, des fédérations. À chaque strate, les femmes doivent pouvoir être représentées. C’est l’organisation sociale, les structures qui dressent des barrières devant les femmes. Enfin, elles doivent avoir des modèles, des sources d’inspiration, des exemples de sportives, d’équipes qui donnent envie de les imiter, de montrer que c’est possible de jouer à haut niveau, d’être une sportive professionnelle. Pour cela, la visibilité médiatique, diffuser davantage de sports féminin à la télé est un point essentiel.
« Les femmes doivent pouvoir être représentées à chaque strate ! »
Dans une ville qui se densifie, où le foncier est rare, comment préserver ou développer des espaces pour faire du sport librement et booster la pratique ?
Dès qu’on peut construire un nouvel équipement, on le fait. On ouvre de nouveaux espaces de pratique, notamment dans des lieux qui n’étaient plus utilisés, c’est le cas de la salle Saint Marc pour la boxe ou de la salle Dodille pour les arts martiaux. On travaille aussi sur le sport en libre accès, sur l’espace public, dans les parcs, dans les squares…avec des ilots sportifs inclusifs qui contiennent des agrès, des city stades, du basket 3X3, des pump tracks, des blocs d’escalades un peu partout à travers les quartiers.

Est-ce que vous arrivez à faire bouger les choses autour de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap ?
Dans la perspective de l’héritage Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, une Bande Dessinée portée par l’épicerie séquentielle valorisera les clubs de la métropole de Lyon qui œuvrent sur ce champ et qui témoigneront de leurs pratiques inclusives. Nous avons aussi, chaque année, un appel à projet qui incite les associations à se saisir de cet enjeu. La ville de Lyon a voté un nouveau plan handicap dans lequel, par exemple, nous visons 50% d’accessibilité des équipements publics en 2026. Nous avons aussi des référents inclusion dans chaque accueil de loisirs municipaux pour que la ville des enfants que nous voulons soit à hauteur de tous les enfants.
« C’est le sport santé qui est un gros projet, un enjeu de santé publique »
Quels sont les gros projets actuels de la Ville en matière de sport ?
Avec l’égalité femme/homme, l’inclusion de tous les publics, l’éco-responsabilité, c’est le sport santé qui est un gros projet, un enjeu de santé publique. Nous avons inauguré en 2022 la première maison sport santé de la ville de Lyon. C’est du sport sur ordonnance : nous avons 292 bénéficiaires qui ont des pathologies chroniques, diabète, convalescence… La maison sport santé est gratuite, les personnes sont encadrées par des éducateurs territoriaux municipaux qui proposent un parcours de six mois à un an pour accompagner ces personnes dans la pratique d’activité physique et les aider à trouver une asso sportive afin qu’elles et ils puissent continuer ces activités. Nous avons, en plus de la maison du sport santé ; 10 antennes dans nos quartiers afin de lutter contre les inégalités territoriales en terme de santé.
Si l’on devait résumer la ville sportive de demain en trois mots ?
Lyon, ville active, solidaire et bien être !