Adjointe aux sports à la Ville de Lyon, Julie Nublat revient sur la politique de la Ville en matière de sport. Une politique ambitieuse qui doit contribuer à faire de Lyon la ville sportive de demain. Entretien.

Lyon

Cela fait trois ans que vous êtes partenaire du tournoi sous votre mandature. Quel regard portez-vous sur l’Open Sopra Steria aujourd’hui ?

J’apprécie beaucoup ce tournoi de tennis sur terre battue. Placé juste après le tournoi du Grand Chelem Roland-Garros, il permet de découvrir des joueurs de talent, entre des jeunes étoiles montantes et des trentenaires qui veulent remonter au classement ATP. C’est un mélange intéressant qui assure de beaux échanges sur le court !

Par ailleurs, l’Open Sopra Steria en est à sa 7e édition cette année et avec, à sa tête, son duo fondateur, Lionel Roux et Benoît Dupré, c’est un tournoi qui se veut éco-responsable et inclusif.

Proposer un spectacle de qualité et limiter l’impact sur l’environnement des activités du tournoi, ce n’est pas antinomique et c’est même tout à fait possible, la preuve : bâches recyclées, balles de tennis redistribuées vers nos 11 clubs lyonnais, fontaines à eau plutôt que bouteilles plastiques, tri des déchets, fournisseurs locaux, etc. Autant de gestes qui s’inscrivent dans le tournoi naturellement et jouent leur rôle dans la transition écologique du sport. L’enjeu c’est qu’on puisse continuer de faire du sport, c’est ce que l’on aime, alors travailler sur l’éco-responsabilité des événements sportifs, c’est crucial pour préserver le sport en extérieur.

Côté inclusion, le soutien à Zoé Maras, joueuse de tennis en fauteuil qui cherche à se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024, est quelque chose qui me touche. Son objectif est très important en terme de visibilité du handisport. Le handisport doit se développer, le sport peut grandement lutter contre les mécanismes d’exclusion et être une source d’émancipation, c’est ce que l’on essaie de permettre depuis trois ans en tout cas, et des exemples comme Zoé sont porteurs de ce message. J’espère vraiment la voir à Paris en 2024 !

« Proposer un spectacle de qualité et limiter l’impact sur l’environnement des activités du tournoi, ce n’est pas antinomique »

Le sport professionnel à Lyon se porte bien. Dans quelle mesure est-ce important pour vous ?

Le sport professionnel est un maillon de l’écosystème du sport lyonnais. C’est le plus visible, celui qui draine le plus de foules et procure de grandes émotions individuelles et collectives, celui qui suscite aussi des vocations fortes chez les plus jeunes. Il s’inscrit dans un écosystème où prédomine le tissu associatif amateur, plus nombreux. Ce tissu amateur, c’est la pratique d’une activité sportive au quotidien, seul ou en groupe, en famille ou avec des amis, pour son bon plaisir ou sa santé. On ne peut pas avoir que du sport professionnel, c’est la cerise sur le gâteau en fait.

Quelles actions mettez-vous en place en faveur du sport ?

En début de mandat, nous avons voté une programmation d’investissements structurants de plus de 100 M € pour l’ensemble du mandat afin de réhabiliter notre parc d’équipements sportifs. L’idée derrière est de rénover notre parc, vieillissant, pour donner justement de meilleures conditions de pratiques à toutes et tous. Et on a prévu une réponse à des manques criants actuellement, je pense par exemple à la construction d’une nouvelle piscine à Lyon, près de 50 ans après la dernière construite…

Benoît Paire à la Ville de Lyon

Plus généralement, 3 boussoles guident mes choix de politique sportive de la Ville de Lyon : l’égalité femme/homme, l’inclusion et l’éco-responsabilité. Et ceci concerne l’octroi de subventions pour aider au bon fonctionnement des associations, du soutien à l’organisation d’événements sportifs, ou encore l’amélioration matériel de la vie sportive de nos clubs et du soutien aux projets innovants dans le cadre d’un appel à projet.

La Ville de Lyon, c’est un soutien fort de près de 3,4 M € de subventions par an versées à ses associations sportives, du monde amateur comme professionnel. Ces subventions, je les travaille collectivement avec les adjoints d’arrondissement, cet échelon est essentiel pour saisir la qualité du projet associatif de chaque club.

Parmi les projets actuels, il y a le souci de lutter fortement contre le fléau des violences sexuelles et sexistes dans le sport. Pour cela, la Ville de Lyon a choisi, dès septembre 2024 de conditionner toute demande de soutien financier à une formation des clubs à la lutte contre ces violences. D’ici là, la Ville proposera, gratuitement, cette formation, pour ne laisser aucun club sur le bord du chemin. C’est un enjeu fort de protection de la jeunesse et de l’intégrité physique de toutes et tous. Le sport doit être un vecteur du renforcement du pouvoir d’agir, de la confiance conquise et de la dignité défendue.

« Le sport doit être un vecteur du renforcement du pouvoir d’agir, de la confiance conquise et de la dignité défendue »

Et puis, côté grands événements sportifs, on va accueillir 5 matchs de la Coupe du Monde de Rugby 2023 et on prépare l’arrivée des joueurs de la Nouvelle-Zélande, les All Blacks, qui vont venir en camp de base à partir de septembre 2023 et pendant plus d’un mois, à Gerland. C’est un beau défi pour notre collectivité, en lien avec la Métropole. Nous souhaitons que les Lyonnaises et les Lyonnais, notamment les plus jeunes, en profitent au mieux. Nous aurons des retransmissions, un village animation, nous comptons aussi embarquer les commerçants et tous les acteurs et actrices de la cité qui veulent se prendre au jeu.

On parle beaucoup de sport santé en entreprise. C’est quelque chose que vous souhaitez soutenir ou valoriser ?

En effet, j’entends beaucoup parler de sport-santé, maintenant, j’ai l’impression que chacun y met ce qu’il veut derrière ! Pour moi, le sport-santé, c’est l’ensemble des pratiques physiques ou sportives qui contribuent à la santé et au bien-être de la pratiquante ou du pratiquant. A Lyon, nous avons ouvert, en mai 2022, la première Maison Sport-Santé municipale en plein cœur du parc de Gerland (Lyon 7e).

Un peu plus d’un an plus tard, l’équipe de l’établissement accompagne sur une période de six mois près d‘une centaine de personnes (en file active, sans cesse renouvelée en cas de sortie du dispositif) dont le médecin a prescrit du sport sur ordonnance pour lutter contre certaines maladies longues, cancers, etc. C’est une grande fierté de voir la réussite de cet établissement aujourd’hui.

Pratiquer une activité physique, c’est prévenir les maladies notamment liées à la sédentarité, et ça constitue même parfois un appui contre les récidives de cancer, par exemple. Le sport est donc un formidable médicament !

Comment s’implique concrètement la Ville sur le sujet des JO qui se rapprochent de plus en plus ?

On soutient tout d’abord nos athlètes lyonnaises et lyonnais dans leur préparation préolympique par un dispositif de soutien financier au sport de haut niveau qui leur procure une aide financière annuelle importante, en lien avec leurs clubs. Pour l’année 2022-23, c’est par exemple 28 athlètes qui ont été accompagnés pour plus de 135 000 € au total. Il y a eu une nouveauté cette année : l’inclusion des guides d’athlètes déficients visuels au dispositif. C’était une première, ce n’avait jamais été fait auparavant alors qu’ils sont indispensables à la performance des athlètes qu’ils accompagnent, ils s’entraînent autant qu’eux.

« On soutient nos athlètes lyonnaises et lyonnais dans leur préparation préolympique pour Paris 2024 »

Par ailleurs, on réfléchit à animer la ville pour que la fête soit belle. Ces choses-là sont en train de s’affiner. L’idée est que les Lyonnaises et les Lyonnais puissent en profiter, notamment les plus petits. C’est une chance extraordinaire, la chance d’une vie, de voir les anneaux Olympiques se poser sur le sol français.

Des délégations étrangères sont intéressées et même déjà décidées à investir nos installations sportives. Notre souci est aussi de donner la possibilité à notre tissu sportif et scolaire local, sur le quartier concerné, de se lier avec ces athlètes et de tisser des liens avec et autour de ces pays.

C’est important que les événements comme les JO ou comme l’Open Sopra Steria, à leur échelle respective, montrent l’exemple en matière d’éco-responsabilité ? Dans quelle mesure ?

On aime le sport et on veut en faire le plus souvent et le plus longtemps possible. Loin d’être une contrainte supplémentaire, rendre plus écologique son sport, son événement sportif, c’est en fait s’assurer aussi de pouvoir pratiquer encore demain. Donc oui, c’est primordial de limiter les impacts sur l’environnement et surtout réinterroger ses usages, ses pratiques, en matière de mobilité ou encore d’alimentation. Et, en fait, les événements sportifs sont au final tout aussi beaux. Ils créent des souvenirs inoubliables, des instants vécus collectivement.

Julie Faure

L’Open Sopra Steria parle beaucoup d’éco-responsabilité, mais aussi de handicap et de maladie. Comment s’implique la Ville sur ses sujets ?

La Ville de Lyon a également lancé en fin d’année 2022 un groupe de réflexion avec des associations du champ du handicap, des clubs sportifs et du handisport, des agents des services de la collectivité, afin de penser et de rendre le sport plus accessible aux personnes en situation de handicap. Il nous faut aussi sortir de cette vision associant handicap et maladie. Le champ dépasse largement la question du soin, c’est en réalité un enjeu de vivre-ensemble, d’ »encapacitation » de toutes et tous et surtout de traitement égal, de tout un chacun, face aux pratiques sportives.

C’est quoi, pour vous, la ville sportive de demain ?

C’est une ville où les équipements sportifs sont en nombre et en qualité pour permettre une pratique sportive émancipatrice pour toutes et tous, de la plus jeune au plus âgé.

« Une ville sportive demain, c’est enfin une ville résiliente et éco-responsable »

Une ville où nos associations sportives, du sport amateur comme professionnel, sont en réussite et ont autant de pratiquantes et de pratiquants dans leurs effectifs ainsi qu’au sein de leur bureau, les jeunes filles et femmes pouvant pratiquer et prendre des responsabilités, sans entraves. Une ville où le nom des équipements est également à part égale entre femmes et hommes, et qui n’oublie pas les para-athlètes et leurs exploits.

Une ville où les personnes porteuses de handicap peuvent pratiquer en toute liberté. Une ville où la pratique sportive des personnes ne doit être pénalisée question de genre, d’identité ou d’orientation sexuelle.

Une ville sportive demain, c’est enfin une ville résiliente et éco-responsable qui considère l’importance de respecter son environnement pour durer, pour pratiquer son sport, en toute santé.

Enfin, c’est une ville où le sport est pensé comme un phénomène social total, qui épanouit, qui préserve la santé, qui tisse un lien fin et solide à la fois entre ses habitantes et habitants, petits et grands, de la plus jeune au plus âgé, une ville qui fait rêver plus fort et plus grand.