Les pépites de l’Open Sopra Steria n’ont pas toujours 17 ou 18 ans, comme Gabriel Debru cette année. Elles peuvent en avoir 26. Oui, l’on peut révéler son talent plus tardivement ! Démonstration.

Constant Lestienne, habitué de l’Open Sopra Steria, est un bel exemple d’éclosion tardive. C’est à 30 ans passés que le Français s’est révélé en atteignant le Top 100, grâce à une très grosse année 2022 et deux demi-finales en ATP 250. Malgré des soucis physiques, il a atteint la 48ème place mondiale cette année.

Le lycée. Puis, un bac S à 18 ans. Direction la Texas A&M, une université américaine. 23 ans : un diplôme en Business. Et voilà le moment venu… Arthur Rinderknech se lance sérieusement sur le circuit. Il n’y a pas d’âge pour percer ; il n’y a pas d’âge pour révéler toute l’étendue de ses capacités. Le Français en témoigne, lui qui a choisi un chemin plutôt banal pour le commun des mortels, mais inhabituel pour un joueur de tennis professionnel.

Et c’est peut-être cette aventure qui lui a permis d’atteindre la 42ème place mondiale l’année dernière, à 26 ans. “Mentalement, j’ai fait du chemin là-bas, aux Etats-Unis”, confiait-il à L’Equipe. “Je suis passé de “pas du tout prêt à aller sur le circuit” à “déterminé à tenter ma chance”. Ces quatre années en université ont été superbes, les plus dingues de ma vie.” 

Les 7 vies de Robert ou Rinderknech

Quatre ans, c’est beaucoup à l’échelle d’une carrière, mais c’est parfois ce qu’il faut pour faire de sa passion son métier. D’autant que la vie réserve souvent des surprises : parlez-en à Stéphane Robert, lui qui a vécu plusieurs vies sur le circuit. Il était -2/6 à 20 ans, en l’an 2000 ; 167ème mondial à 24 ans. Puis, la dégringolade… La pression difficile à gérer, une raquette qui ne lui va pas, l’épaule qui flanche. Et une hépatite A. Résultat : en 2008, Stéphane a 28 ans et plus de classement ATP. La fin de l’histoire ? Que nenni ! Il repart de zéro avec son coach, Ronan Lafaix, joue 82 matchs en 2009, en gagne 63. Et atteint sa première finale en ATP 250 l’année d’après, avant de se hisser, un peu plus tard, jusqu’à la 50ème place mondiale.

Federer avait besoin “de plus de temps”

Mais, s’il y a des parcours de vie particuliers, la maturité tennistique joue également un rôle important dans la précocité des joueurs. “Il faut trouver sa véritable identité et ça n’est pas toujours facile”, confirme Lionel Roux. “Quand tu maîtrises un panel de coups très étendu, ça peut même être parfois plus délicat. Il faut apprendre à faire les bons choix.” “Assembler toutes les pièces de son puzzle” : c’est ce qu’expliquait Peter Lundgren au sujet de Roger Federer*, alors âgé de 19 ans. “Il est comme un oiseau qui apprend à voler. Au moment où il atteindra son altitude maximale, il sera difficile à battre. Il a un répertoire incroyable, mais il a besoin de plus de temps pour tout mettre en place.”

Et même alors, lorsque tout semble mis en place, le travail n’est pas fini. “Félix (Auger-Aliassime) en est un bon exemple”, rebondit Lionel. “Il est allé très haut, très jeune et, aujourd’hui, il cherche encore des choses. Il a son identité, sa base forte. Mais il a parfois un peu de mal et est clairement entré dans une période de réflexion sur son évolution future.” Le talent, donc, mais surtout le travail… à tout âge !