Ce samedi, l’Open Sopra Steria vous proposera une exhibition de para-tennis avec Zoé Maras et David Dalmasso. Pour nous, c’est aussi l’occasion de discuter avec Olivier Barselo, un joueur de para-tennis qui a porté le maillot de l’équipe de France en basket-fauteuil.

Olivier Barselo à l'Open Sopra Steria en para-tennis

Raconte-nous ton parcours…

J’ai eu un accident au foot étant jeune, avant mon adolescence, puis une erreur médicale, qui m’ont amené à ce handicap. Je me suis mis à jouer au basket-fauteuil, j’ai fait principalement ma carrière dans ce sport. J’étais en équipe de France et j’ai également joué dans plusieurs équipes à l’étranger. Puis, pour des raisons diverses et personnelles, j’ai voulu essayer le tennis fauteuil, pour éventuellement me reconvertir. Et c’est ce qui s’est passé : la première fois que j’ai touché une balle de tennis, j’ai laissé le basket de côté. Je suis un acharné de l’entraînement. J’ai donc commencé la compétition il y a quatre ans et je suis actuellement classé 30ème français, ce qui représente à peu près la 270ème place mondiale. En France, on est l’un des pays avec le plus de licenciés au tennis-fauteuil, avec beaucoup de tournois, donc c’est intéressant d’intégrer ce milieu-là et d’être bien classé. J’ai découvert ce sport avec un copain qui en fait et qui m’as dit : “Tu devrais essayer avec mon coach !” Je suis de la Duchère, donc le club n’était pas loin (Dardilly), c’était l’occasion pour moi en tant que grand fan de sport de me lancer. J’ai accroché à cette discipline et je n’ai aucun regret !

 

Comment tu t’es reconstruit après ton accident ?

J’ai eu six ans où je faisais vraiment n’importe quoi. Je viens de La Duchère. Cette période, c’était la révolution pour moi. J’ai arrêté l’école, j’ai fait pas mal de conneries… J’ai sombré du côté obscur.

« Porter le maillot de l’équipe de France, ça bouleverse la mentalité »

Le sport a participé à ta reconstruction ?

Complètement. Un jour, je suis allé chez mon médecin et il m’a dit : “Tu devrais aller faire un tour au club à côté”. Il me connaissait bien, il savait que j’étais quelqu’un qui avait besoin de dépenser de l’énergie. Je suis donc allé y faire un tour. Le premier entraînement, je suis arrivé avec 30 minutes de retard. Résultat : le coach m’a fait faire 30 tours de terrain. Je voulais absolument rentrer, mais, très vite, ça m’a calmé et je pense que c’est le moment clé de ma renaissance. En deux ans, j’ai atteint l’équipe régionale, j’étais même super fier. Un an après, en équipe de France espoirs. Le sport m’a vraiment ramené à la raison. Ensuite, tout a changé : porter le maillot de l’équipe de France, ça bouleverse la mentalité et la vision de la vie. Mais il manque quand même quelque chose en France, c’est la mise en avant des handicapés. Dans les autres pays, on est considéré comme des personnes normales. Ce n’est pas le cas en France : pas de kiné, pas de préparateur mental… Mais j’ai l’impression que ça commence à arriver. Même s’il faut évidemment avoir les résultats qui suivent derrière.  

Tu as touché au sport collectif et individuel, est-ce qu’il y a une différence ?  

Oh que oui ! J’appréhendais énormément le sport individuel. C’est le sport collectif qui a totalement changé ma vie. Entre les rencontres, apprendre à vivre ensemble… Au basket, je faisais partie des cinq meilleurs joueurs européen, je prenais énormément de plaisir… Jusqu’à l’un de mes derniers clubs pros, où je me suis démotivé.

 

Tu dis que tu es un acharné de l’entraînement. En sport individuel, cela doit plus se ressentir… 

Totalement. En sport collectif, tu es plus dépendant des autres. Maintenant, dans le tennis, je suis tout seul. Au début, le club ne me soutenait pas tellement, mais il veulent me faire une chambre… j’y passe beaucoup de temps (rires). Ca se passe très bien, j’ai de bons résultat, donc je suis très heureux de ma reconversion dans le tennis à Lyon.

 

“On ne vit pas du tennis fauteuil” 

En parlant de soutien, le tennis fauteuil est forcément moins populaire que le tennis… 

Oui, on a moins de soutien de la part des clubs, de la fédération, le coût des tournois est élevé, on n’a pas les même primes que les valides, etc. On marche beaucoup avec les sponsors, le mécénat. Moi, je suis en train de faire mon dossier, il y a pas mal de sponsors qui appellent le club, c’est top. Le but, c’est de dépenser le moins d’argent possible dans le matériel et les tournois. Une saison à mon niveau, pour vous donner une idée, ça coûte bien 8 000€, entre les participations aux tournois et le matériel. 

Et en matière de gains ?

On ne vit pas de cela. Certains y arrivent, mais c’est très compliqué. Encore une fois, c’est un sport individuel, donc c’est à toi d’aller chercher aussi. Quant aux prize-money, ils sont trop faibles pour vraiment en vivre.  

Comment se passe l’entraînement pour un joueur de tennis-fauteuil ?  

Ce qui est bien, c’est qu’on s’entraîne avec des valides. On peut même participer à des tournois avec eux ! L’inconvénient, c’est que ce n’est pas le même jeu. Mais le tennis a cet avantage de nous permettre de jouer tous ensemble, ce qui n’est pas le cas d’autres sports comme le basket, par exemple, ou les sports où il y a des contacts.

Quels sont tes objectifs tennistiques aujourd’hui ?

D’abord, viser une place dans les 20 premiers français d’ici trois ans. Puis, mon objectif serait aussi d’intégrer le Top 150 mondial, ce serait une fierté.  

“Un jour, tout a changé” 

Tu fais du tennis fauteuil en simple et en double ?  

Tout à fait, je pratique le simple et le double. Je commence même à me mettre au Padel-fauteuil… C’est génial. Ça va se développer en France, je pense, c’est déjà le cas en Espagne. Et cela intéresse beaucoup d’handicapés, car, sur cette discipline, il y a des catégories différentes en fonction du handicap. Le tennis, c’est le seul sport en fauteuil qui n’a pas de catégories ! 

Et les Jeux Paralympiques de Paris 2024, ce n’est pas envisageable ?

Les Jeux, c’est impossible, c’est déjà tout pris par les mecs qui sont premiers mondiaux. Ils sont avantagés par un plus faible handicap et c’est là où tu ressens le manque de catégories. Toi, tu n’as aucune chance, malheureusement. Un jour, ce serait bien que cela évolue en ayant aux moins des catégories intermédiaires, pour que tout le monde ait sa chance. Par exemple, au ping-pong, ils ont plein de catégories et tout le monde a sa chance pour atteindre les sommets. Imaginez Zverev qui se blesse à la cheville, et qui passe en tennis fauteuil pendant sa blessure… Et bien, c’est autorisé au para-tennis, pendant un an !

Antoine Rousseau