Benoît Paire s’est imposé au deuxième tour, face à Lucas Pouille, véritable choc au sommet précocement arrivé à l’Open Sopra Steria. Après avoir sauvé cinq balles de matchs, « Ben » l’emporte 3-6 7-6(6) 6-2 en 2h02. Il rencontre Gabriel Debru en quart de finale.

Paire joue un revers à l'OSSL23

C’était un match de dingue !

C’était un match particulier. On se connaît très bien avec Lucas (Pouille). On est tous les deux dans la même dynamique, à courir après les sensations, à chercher notre niveau d’il y a quelques années. On veut gagner des points et retrouver rapidement un bon classement. Ça s’est senti pendant le match. On était tous les deux tendu, il y avait de la pression. Je fais un mauvais début de match et Lucas sait en profiter, il sert bien, fait le point dans les moments importants. Et puis dans le tie-break…

Dans le tie-break, tout s’inverse

C’est drôle, parce que j’en parlais avec mes proches. Depuis le début de l’année, ça m’arrivait beaucoup de mener comme ça, d’avoir des balles de match et de perdre. Je menais 6-2 5-1 à Monte-Carlo et je perds. Balle de match aussi à Madrid. J’ai enchaîné ce genre de matchs compliqués, avec des balles de matchs, que je finis par perdre. Aujourd’hui je me suis dis “bats-toi, on verra bien ce qu’il se passe”. Au tie-break, on sent que Lucas stresse, dans la position de celui qui a vraiment envie et besoin de gagner. C’est dommage pour lui, il a fait un beau match, je suis de tout coeur avec lui pour la suite. Moi, je m’en sors bien, je profite de sa baisse de régime dans le troisième, après toutes ses balles de match, c’est normal. De toute façon, j’ai de la chance dans ce tournoi. J’étais mené un set à zéro et 5-1 contre moi au premier tour… Là je gagne après avoir sauvé cinq balles de match… De la chance et mes efforts de toute l’année qui paient !

Tu as déjà traversé cette phase dans laquelle il est aujourd’hui. 

Oui, c’est bon signe. Lui il revient juste, c’est son début. Il a tout défoncé à Roland-Garros, il a super bien joué là-bas. Et il connaît les mêmes phases de stress quand il mène. J’ai eu ce genre de phase en début d’année. Je sens que petit à petit, les choses se remettent en place, j’arrive à gagner plus facilement, à mieux jouer dans les moments importants. C’est ce qui a fait la différence aujourd’hui. On va retenir de ce match que ce sont deux mecs qui en veulent, qui cherchent à revenir, qui s’accrochent.

Paire et Pouille, se congratulent, en amis

C’est quoi le secret pour sauver cinq balles de match ?

Honnêtement, c’est essentiellement de la chance. Lucas stresse, ne joue pas forcément bien ses coups, fait des fautes directes, se précipite… Bref il est tendu.C’est normal : quand on revient avec cette envie de bien faire, c’est là que c’est le plus dur mentalement. J’ai traversé cette période, je comprends ce qu’il ressent, il le sait. Il va continuer sur sa lancée et très vite revenir. 

Et toi, tu as une balle de set dans le jeu précédent…

Oui, mais moi aussi, je suis tendu ! Mon retour plonge dans le filet… Ce genre de match se joue à pile ou face. J’ai choisi le bon côté de la pièce aujourd’hui, tant mieux pour moi. Je suis en forme, je veux bien jouer et si je suis ici, c’est pour gagner le tournoi : plus que trois matchs !

« LE » choc des générations du tournoi !

Justement demain c’est face à Gabriel Debru, un petit gamin de 17 ans, dont tu pourrais être le père.. !

Nan quand même pas ! Le père… il aurait fallu que je trouve une femme avant d’être son père…(rires, rires) Au niveau des âges, peut-être. Bref… Je le connais bien. J’ai joué en double avec lui. On s’est entraîné ensemble. Je connais aussi très bien son coach, Boris Vallejo, un homme qui m’a entraîné quand j’allais mal. Il m’a beaucoup aidé, il m’a remis les idées en place. Et Gabriel, je lui dois encore un resto, il le sait, il m’a envoyé un message au début du tournoi. (rires) C’est un bon mec, je l’apprécie. Il a du potentiel, en atteste ses victoires et son jeu ici : super service, constant et solide en coup droit comme en revers… Je veux le voir progresser, le voir gagner… Sauf demain ! Parce que moi j’ai besoin de la victoire. Demain il sera libéré, il a passé son bac, c’était important pour lui et maintenant c’est fait, il peut se concentrer à 100% sur son tennis. A moi de venir avec toutes mes armes et de rester bien concentré sur mon jeu, sans m’énerver, sans quitter le court avec des regrets. 

Demain, on est vraiment dans l’ADN du tournoi : le choc des générations !

Les plus anciens continuent à se battre ! On s’accroche, on passe par les Challengers et on chasse les points. Moi je fais cet effort depuis le début de l’année. Et au fond, on kiffe le tennis, ça se voit dans les émotions. Au premier tour Lucas gagne en trois sets, il est super content et fier de lui, une belle victoire pour lui. Moi c’est pareil, je bats Dennis Novak, comme si j’avais fait quart à Roland. Les vieux ont envie de revenir. Ils peuvent le faire. On vise le top 100, on va y arriver vite. Et pourquoi pas faire encore de belles choses. Mais les jeunes poussent ici, Félix a gagné deux fois, il y a toujours eu des jeunes qui ont montré de belles choses. Gabriel fait de belles choses aujourd’hui. Pedro Martinez sur terre c’est un gros client et il le sort en trois sets. Derrière, il enchaîne contre Gakhov en deux sets. Le principal c’est le respect. Il y en a beaucoup entre Gabriel et moi. On prendra du plaisir tous les deux sur le court, je le sais. 

« Etre ce mec qu’on pourrait jouer le dimanche en équipe »

Ce public, on sent qu’il t’aime bien.
Il m’aime comme il aime Lucas ! C’est dur pour eux, il ne voulait pas nous voir nous affronter si tôt. Il voulait supporter Lucas tout le long du tournoi. De me supporter aussi… Ce n’est pas facile. Au moins je gagne quelques supporters et demain… ah mais je joue Gabriel ! C’est le jeune, ils vont tous être derrière lui…! (rires) Bref tant que le public s’amuse et prend du plaisir, c’est le principal ! 

Tu as profité à la sortie du court…

J’ai toujours été proche de mes fans, sur les réseaux, après les matchs, dans la rue même, ou sur le parking ici ! Je ne me cache pas, je dis ce que je pense et je veux rester proche de ceux qui viennent me soutenir. Ils veulent profiter de la vie, comme moi. Donc ils se disent “on va supporter ce mec, détendu, simple, accessible, celui que je pourrais jouer le dimanche en équipe”. 

« A l’Open Sopra Steria, je m’entends super bien avec tout le monde »

Les Challengers c’est l’occasion de retrouver un public proche…

Le vrai plaisir, ici, c’est que je m’entends super bien avec tout le monde. J’adore Lionel, Elise au players lounge, Fred aux transports. Ce sont tous des gens super sympa. Je me sens bien ici. J’ai appelé Lionel, j’ai dit que je voulais jouer, on a discuté deux minutes, “bim” c’était fait. Je trouve ça simple, c’est ce que j’aime. J’arrive, je suis tranquille, je me gare, tous les gens sont là avec moi, je dis bonjour à tout le monde. On sent qu’il y a du respect, on sent que les gens viennent pour m’encourager. Oui je suis content de retrouver des tournois au TCL, mon frère était à la Ligue du Lyonnais en plus… Il connaît beaucoup de monde ici. Moi je passe de très bons moments, je suis content. 

Surtout que tu as vécu une période compliquée sans public, pendant la crise du covid…

Oui… Compliqué avec l’alcool surtout ! (rires, rires) Mon corps a bien souffert de tout ça… mais là, ça fait un moment que c’est terminé, que je me suis remis dedans. Gagner aujourd’hui, ça me fait super plaisir. Ça montre que tous les efforts que j’ai fait dans l’ombre finissent par payer. C’était une belle victoire, face à Lucas, aujourd’hui ! D’ailleurs il m’a envoyé un message…