La quatrième édition de l’Open Sopra Steria approche. Et Lionel Roux, le directeur du tournoi, s’active pour renouveler l’événement en s’appuyant sur ce qui a fait sa recette ces dernières années : un cadre exceptionnel, des champions en devenir et un réceptif à nul autre pareil. Explications.

C’est la quatrième édition… Quel est ton sentiment à l’approche de l’événement ?

C’est plein de sentiments mélangés. Du stress, évidemment, car il y a encore beaucoup de choses à gérer. Quand on regarde le calendrier, on se rend compte que ça va vite arriver ! Il y a les derniers ajustements à faire, les derniers partenaires à convaincre… Et puis l’envie d’en découdre, de voir le tournoi se monter, les tribunes et les loges pleines, le village… On réfléchit aux façons d’améliorer tel ou tel endroit, de rendre le cadre encore plus beau et fluide. Enfin, je regarde les résultats de la saison sur terre, je multiplie les contacts à droite, à gauche pour construire le plateau… Et cela me donne envie de voir les mecs jouer au Tennis Club de Lyon (rires) !

Quelles sont les nouveautés pour cette année ?

Il y a plusieurs changements d’un point de vue sportif. D’abord, le tournoi est monté en gamme avec une augmentation du prize-money et des points ATP attribués, ce qui fait de l’Open Sopra Steria la cinquième plus grosse épreuve française sur terre battue. L’idée, c’est de proposer un spectacle sportif toujours plus qualitatif et d’accueillir les joueurs dans les meilleures conditions. Par ailleurs, il y a eu une réforme de l’ATP qui va impacter le rythme du tournoi. L’ATP a décidé de professionnaliser encore plus le circuit afin de protéger les joueurs : le tableau final rassemblera donc 48 joueurs, soit 16 de plus que les années précédentes, le tout avec hébergement inclus – ce qui n’était pas le cas en qualifications par le passé. Cela permettra aux joueurs d’aborder et de planifier plus sereinement leur calendrier. Nous, on va être tout de suite dans le jus (rires) !

“Proposer un spectacle sportif toujours plus qualitatif”

Et durant la semaine ?

Chaque année, on essaie d’optimiser les infrastructures formidables du Tennis Club de Lyon. On tient compte des retours de nos partenaires et du public pour faire évoluer l’accueil. On va, par exemple, essayer d’agrandir un tout petit peu la terrasse et de créer de petits espaces cosy réservés et réservables pour les soirées. Il y aura un concert le mercredi soir d’un passionné de tennis, Stéphane Balmino, un gone que j’ai connu à la Ligue du Lyonnais, qui a troqué, depuis le temps, sa raquette pour un autre instrument. Et puis, on a décidé d’organiser à nouveau une journée autour du tennis en fauteuil, parce qu’on n’était pas complètement satisfait de ce qu’on avait fait l’année dernière. Il y avait eu la pluie, un programme perturbé… Zoé Maras et David Dalmasso, qui sont non seulement Lyonnais mais aussi parmi les meilleurs de la discipline, vont jouer avec les jeunes des écoles de tennis, mais aussi l’un contre l’autre, avant de nous initier, Michaël Llodra et moi-même.

D’un point de vue sportif, la réussite de Félix Auger-Aliassime, le double tenant du titre, doit être une belle satisfaction…

Oui, c’était le bon pari (rires) ! Je me vois encore le présenter aux partenaires en 2017… Je leur disais d’aller regarder ce jeune Canadien que je voyais bien passer quelques tours. Je m’étais battu pour l’avoir, parce que j’avais – et j’ai toujours – le sentiment que ce serait un futur très grand. De là à imaginer qu’il gagne deux fois le tournoi… Pour moi, c’est un immense bonheur de le voir réussir, car c’est un garçon adorable qui allie une forme d’insouciance, une fraîcheur, à une très grande force. Qu’il perce aussi rapidement, c’est incroyable… Mais c’est ça, l’Open Sopra Steria. Faire découvrir de futurs champions ! Je mets tout en œuvre pour aller les chercher, j’essaie de trouver non seulement des joueurs prometteurs, mais, en plus, des hommes dont l’éducation, les valeurs, l’entourage laissent augurer le meilleur.

Alors… Qui sera le successeur de Félix en 2019 ?

J’y travaille ! Je me renseigne, je prends des contacts, je discute avec l’entourage… Il y a des Français qu’on aimerait bien pouvoir mettre en avant : Corentin Moutet, Rayane Roumane, Antoine Cornut-Chauvinc, qui est un enfant du club… Mais aussi d’autres garçons vraiment prometteurs, comme Jannik Sinner, un Italien de 17 ans entraîné par Ricardo Piatti, ou le petit Espagnol de 15 ans, incroyablement précoce, Carlos Alcaraz Garfia. On est encore au stade des discussions, car les calendriers des uns et des autres se fignolent souvent petit à petit. Mais je pense qu’on aura encore quelques pépites à vous faire découvrir (sourire) !

Et des joueurs plus âgés, comme Pablo Andujar ou Benoît Paire, qu’on aura l’occasion de voir jouer de très, très près…

Oui, c’est aussi ce qui est génial dans ce tournoi : les joueurs circulent dans les allées du club, s’entraînent à côté des passionnés… Je pense que vous aurez effectivement rarement l’occasion de voir jouer Benoît d’aussi près !

“Vous aurez rarement l’occasion de voir jouer Benoît Paire d’aussi près !”

Il va bientôt souffler ses 30 bougies… Il incarne ce choc des générations qu’on aime voir à l’Open Sopra Steria ?

Absolument ! Ça me tient toujours autant à cœur de filer à la fois un coup de main aux jeunes pousses, tout en leur permettant de se confronter à ce qui se fait de plus expérimenté sur le circuit. Mais, Benoît, c’est aussi une autre histoire… Un joueur que j’adore commenter et voir jouer. Avec lui, il se passe toujours quelque chose ! Il a un jeu vraiment surprenant et, en-dehors du court, il est hyper attachant. C’est un vrai sensible… Et c’est d’ailleurs cette sensibilité qui en fait un joueur autant à fleur de peau. Il a un petit bonhomme dans la tête qui peut le faire vriller sur le court, mais c’est un mec en or dans la vie de tous les jours. Bon, on se chambre un peu parce que c’est un fan invétéré de l’OM (rires) !

Tu as été joueur au plus haut niveau, entraîneur sous le maillot bleu… L’organisation d’un tournoi, c’est une émotion différente, mais tout aussi forte ?
Oui, c’est très particulier, mais c’est vraiment très fort. La première édition m’a laissé des souvenirs impérissables : j’avais vraiment les poils, les papillons dans le ventre le jour de la finale. Et puis, la rencontre avec Félix (Auger-Aliassime) ensuite… Il vient cinq jours avant, c’est le premier arrivé, il gagne match sur match et repart en dernier… Ça me fait penser aux émotions qu’on ressent en Coupe Davis : tu passes du temps avec les gars, tu vis des trucs intenses et t’as vraiment du mal à les quitter ensuite… Là, c’est pareil. Félix, il gagne, il passe au village partager son bonheur avec les partenaires, faire une dernière petite photo… Tu dis au-revoir… t’as l’œil un peu mouillé (rires) !

Rémi Capber